Conventions.

Publié le par Julababa

Une sélection togolaise dispute un match amical contre le Bahreïn, sans que ne soient ni présents ni mis au courant ni le président de la fédération ni l'entraineur ni les joueurs. - Il faudrait en rire, si la blague ne sentait le réchauffé. En effet, il y a quelques semaines, un groupe de joueurs emmené par un ancien sélectionneur avait participé à un tournoi amical sous les couleurs usurpées du Togo. Pauvre Togo ! Non contents de mitrailler ton bus, de t'exclure de toute compétition, de te réintégrer, de t'imposer Emmanuel Adebayor comme avant-centre, on te refuse le droit de décider des matchs que tu souhaites disputer et on brandit tes couleurs à tort et à travers !

 

Certains esprits bien tournés répliqueront que ce n'est pas étonnant, que voilà bien l'Afrique avec sa corruption, ses trafics de joueurs, ses mensonges sur l'âge des recrues, ses nationalités douteuses. Soit. Sauf que ce n'est pas seulement l'Afrique, c'est aussi le Bahreïn et, en dernière instance, la surpolicée FIFA qui se sont faits berner.

 

Le problème ne vient pas de l'Afrique mais de la quasi imperceptible différence entre le vrai et le faux, et de notre incapacité complaisante à les démêler. Nous achetons vêtements et nourriture en nous fiant à des marques et des sigles, mais qui nous garantit de leur originalité ? Le marché regorge de labels "bio" ou "commerce équitable" : il n'y a aucune raison pour que l'un soit plus "bio" ou plus "équitable" que les autres. Et pourquoi ne suffirait-il pas d'être togolais et de taper dans un ballon pour être l'équipe nationale de football du Togo ?

 

La différence entre le vrai et le faux est toute conventionnelle, elle est déterminée par un coup de force, plus précisément par un coup d'Etat. Parce que l'Etat national leur a donné droit de représentation, ce sont les fédérations qui décident de ce qu'est l'équipe nationale. Les organes d'Etat se sont arrogé le droit de produire monnaie et passeport, seules leurs productions sont donc les vraies. La différence entre un billet original et un faux réside moins dans la qualité du papier ou dans le détail des motifs (théoriquement possibles à contrefaire), que dans sa provenance : une banque centrale ou une cave de faux-monnayeurs. Si un jour les faux-monnayeurs prenaient le pouvoir, toute la monnaie d'Etat deviendrait fausse.

Publié dans Politique

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