Calendrier de l'Avent 2010 : 19.

Publié le par Robert Spier

Le lendemain, à leur sortie de Béthanie, il eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s'il n'y trouverait pas quelque chose. Et s'étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n'était pas le temps des figues. S'adressant à lui, il dit : "Que jamais plus personne ne mange de tes fruits !" Et ses disciples écoutaient. (Mc, XI, 12-14)

 

Maudire est passé de mode, hélas ! Cela nous prive de tirades assassines qui font la saveur des petites histoires et des grandes légendes. Pensons à Jacques de Molay qui sur son bûcher trouva encore le temps et les mots pour maudire Philippe le Bel et ses descendants, quand d'autres se seraient efforcés en vain de souffler sur les flammes ou de mettre leur âme en ordre.

 

Notre époque est tout de même plus policée. Imaginons un instant Lilian Thuram derrière ses fines lunettes rectangulaires prononçant de sa voix fluette et posée les mots divins du châtiment à l'encontre de la direction de la Fédération Française de Football : "Soyez maudits !" Imaginons Fernand Duchaussoy lui répondre à son tour, les yeux injectés de sang, les mâchoires serrées comme pour se retenir de mordre : "C'est celui qui dit qui y est !" Allons, non, cela ne colle pas. Nos deux diplomates sont par trop éduqués. Ce fut plutôt : "Cher, je vous quitte. - Allons bon, que me dîtes-vous là ? - Que je vous quitte. - Tiens donc ! La raison de ce soudain départ ? - Je m'ennuie, ne vous déplaise. - Vous vous ennuyez ? J'en suis fort aise." Et caetera. Rien que de très plat et de très banal.

 

Dans cette scène du bon pasteur quittant la bergerie désespéré de n'y pouvoir changer la couleur des moutons, le manque de fracas du départ a quelque chose de désolant. Comme s'il était égal à l'un de traîner ses convictions sur d'autres parquets. Comme si l'autre se moquait de perdre un élément de prestige.

 

Il est indéniable que le départ de Lilian Thuram est un désaveu de la politique menée par la FFF et de ses déclarations de principes. Personne ne conteste non plus sa liberté à l'ancien défenseur de l'équipe de France. Mais cette liberté d'agir et de penser qu'il a soit-disant reprise, n'est-ce pas la liberté du négociant ambulant qui, voyant que dans une foire on fait peu de cas de sa marchandise, part tenter sa chance dans la ville voisine ?

 

De Jésus Christ, du marchand du temple et du Pharisien, lequel a la force de maudire ? lequel se plaint ? lequel va au procès ?

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